Conférence des Nations Unies sur l’Océan — UNOC3

Le sommet de l’ONU, du 9 au 13 juin à Nice, laisse dans l’angle mort une des clés de la santé des océans : l’alimentation. L’AVF soutient les revendications portées par de nombreuses ONG environnementales en faveur d’une protection renforcée des océans. En particulier, nous appelons avec elles à la création d’aires marines réellement protégées et à l’interdiction du chalutage de fond, dévastateur pour la faune marine et ses habitats. Ces mesures sont indispensables. Elles ne doivent pas détourner les regards de la source du problème : nos appétits vident les océans. La consommation de poissons est la raison d’être de la pêche industrielle et de la surpêche.
À la régulation des méthodes de pêche, il est donc indispensable d’associer une forte réduction des volumes de pêche et l’évolution de notre modèle alimentaire. Nous demandons que les politiques publiques intègrent une réduction de la consommation de produits de la mer, au bénéfice d’une alimentation plus végétale, respectueuse des limites planétaires et des animaux. Cette transition alimentaire ne peut être laissée à la seule responsabilité individuelle et doit être accompagnée de politiques volontaristes permettant un changement collectif.
L’indicateur Starfish, récemment développé pour suivre l’état de la biodiversité marine, permettra de mesurer les progrès concrets en matière de protection des océans et devra être utilisé pour guider les décisions à venir. Nous appelons à établir des objectifs de baisse de deux de ses indicateurs principaux : le pourcentage de “stocks” de poissons surexploités, actuellement estimés à 37.7 %, et le volume total pêché, s’élevant à un record de 115 millions de tonnes.
Changer nos habitudes alimentaires est indispensable pour stabiliser, puis restaurer des équilibres écologiques qui conditionnent la vie humaine. C’est essentiel également pour les populations qui dépendent d’une pêche vivrière, menacée par la voracité des pays les plus riches : les plus grands bateaux, les méthodes les plus destructrices, sont aussi les plus injustes pour la répartition des richesses, elles alimentent les tensions internationales et la compétition pour les ressources naturelles.
Sur le plan sanitaire, la consommation de poissons pose également de plus en plus de problèmes, les pollutions (dont celles directement causées par la pêche) se transmettant tout au long de la chaîne alimentaire. La responsabilité des États est ainsi directement engagée dans la préservation de la santé de leurs citoyens.
L’AVF appelle les États à faire preuve de cohérence et de vision globale : préserver les océans passe aussi par une transformation de nos systèmes alimentaires.